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Vers une autre façon d'aborder la difficulté scolaire : des RCD de deuxième génération.
Sylvie Van Lint - Muguerza  1@  , Elsa Roland  1@  
1 : Université Libre de Bruxelles [Bruxelles]  (ULB)  -  Site web
Avenue Franklin Roosevelt 50 - 1050 Bruxelles -  Belgique

Contexte : L'école, par l'importance attribuée à l'évaluation, est aujourd'hui sous le joug d'une « contradiction irréductible » : elle hiérarchise plus qu'elle n'émancipe (Nordmann, 2008). Toutefois, la Fédération Wallonie Bruxelles (Belgique) a voulu entrer dans une logique progressiste en développant, dans 23 établissements volontaires, un nouveau paradigme pour l'évaluation au deuxième degré de l'enseignement secondaire. Plusieurs axes ont été définis mais nous nous intéresserons spécialement au dispositif baptisé "RCD pour remédiation – consolidation – dépassement", mis en avant dans le Pacte.

Problématique : Dans 23 établissements secondaires du réseau WBE, des dispositifs de "RCD pour remédiation – consolidation – dépassement" ont été créés et mis en place pour tenter d'apporter une réponse aux difficultés scolaires. Toutefois, le manque de définition de ce dispositif et l'application concrète donnent lieu à une controverse. Du côté des élèves, ils affirment ne pas choisir eux-mêmes de s'inscrire dans le dispositif qui leur convient (soit R, soit C, soit D), ce qui d'une part, les empêche de s'autoévaluer et, d'autre part, ne leur permet pas de se sentir responsables de leurs apprentissages. De manière générale, les élèves souhaitent également que les RCD soient mieux adaptés aux difficultés de chacun. Il semble que, dans la majorité des écoles, seuls des dispositifs de remédiation aient été proposés aux élèves. On peut se demander si ce choix a été fait préalablement ou au regard des difficultés des élèves. De plus, dans plusieurs écoles, ce ne sont pas des petits groupes qui ont été constitués mais les classes sont restés entières. Il nous a donc semblé judicieux de discuter avec les enseignants afin d'établir ce qui fonctionne et peut être concrètement réalisé sur le terrain pour les "RCD" en tant que dispositif proposé dans le Pacte.

Origine et caractéristiques de l'innovation proposée : Un travail collaboratif avec des petits groupes d'enseignants volontaires dans 5 établissements secondaires du réseau WBE a commencé par une mise en commun des actions entreprises dans le cadre des RCD de leur établissement. Les chercheurs ont ensuite proposé une réflexion autour des résultats de recherche à propos tant de la remédiation que de la différenciation (Kahn, 2010, 2015). En effet, la plupart des dispositifs imaginés pour la remédiation n'ont pas portés de fruit significatifs. En cause, deux dérives aussi problématiques l'une que l'autre :

  • le renvoi de la question de l'hétérogénéité aux seuls moments de remédiation laissant pendant les périodes « ordinaires » s'installer de véritables inégalités d'apprentissage ; 
  • la transformation de groupes de remédiation, de consolidation ou de dépassement en véritables groupes de niveau ayant une réelle stabilité et conduisant ainsi à la stigmatisation des élèves.

Après avoir débattu des principales dérives, nous avons proposé l'idée de présenter aux classes une tâche complexe (Bautier, 2006; Bernardin, 2017) à résoudre collectivement pour permettre de faire fonctionner ensemble la remédiation, la consolidation et le dépassement, sans discriminer les élèves. En effet, même chez les "bons" élèves, ceux qui ont automatisés les savoirs et les savoir-faire, la mobilisation reste bien souvent problématique ; la tâche leur permet donc un dépassement. Les RCD, centrés autour de la résolution d'une tâche complexe, permettraient aux élèves qui ont relativement bien automatisé les savoirs et savoir-faire mais ont des difficultés à interpréter correctement une tâche (cadrages hyper-scolaire ou hyper pragmatique) de faire de la consolidation. Enfin, cela permettrait également à ceux qui ne se sont pas engagés dans l'automatisation de savoir-faire et/ou la compréhension des savoirs de comprendre la nécessité d'acquérir et d'automatiser les savoirs et les savoir-faire pour résoudre la tâche et donc de faire de la remédiation.

Réflexion sur le caractère innovant et perspective d'apport pour la recherche : En permettant aux élèves de travailler ensemble, ceux-ci pourraient apprendre les uns des autres (aussi bien pour l'automatisation des savoirs et des savoir-faire que pour la mobilisation), ce qui en retour permettraient à chacun d'entre eux d'être, tour à tour, dans un processus de remédiation, de consolidation ou de dépassement.

Néanmoins, un certain nombre de conditions nécessaires pour ne pas glisser vers les dérives des dispositifs « classiques » de remédiation seront discutés.


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