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Deux expériences du processus Lesson Study en mathématiques
Christine Geron  1@  , Anne SacrÉ  1@  
1 : Haute Ecole de la Ville de Liège

Le processus Lesson Study ou « études collectives de leçon » est un dispositif de recherche-formation né au Japon et beaucoup investigué à la HEP de Vaud en Suisse. Il vise à améliorer les pratiques enseignantes et les apprentissages de tous les élèves. Il est mené de manière collaborative par un groupe d'enseignants le plus souvent accompagné de chercheurs. L'idée est d'analyser en profondeur une matière pouvant poser problème aux enfants et de construire collectivement une leçon. Celle-ci est alors donnée une première fois par un enseignant du groupe dans sa classe, pendant que les autres observent les réactions des élèves, notent les réponses données, les réflexions suscitées par les sollicitations de l'enseignant. Ces observations sont ensuite mises en commun et analysées par le groupe. La discussion permet d'ajuster la leçon qui est alors donnée une deuxième fois par un autre membre du groupe. À nouveau, des observations sont réalisées ; elles donnent lieu à une troisième version de la leçon, testée dans la classe d'un autre participant. Ce processus cyclique vise à améliorer la qualité de la leçon et à optimiser l'action de l'enseignant et les apprentissages des élèves.

Nous avons testé ce processus une première fois avec des étudiants en formation initiale dans le cadre de leur TFE puis une deuxième fois en formation continuée, avec des enseignants de terrain. Dans le premier cas, nous avons traité le sujet de la construction du tableau géométrique de Pythagore par des élèves de troisième année primaire. Notre deuxième expérience envisageait l'appréhension et l'utilisation des outils d'organisation de formes par des élèves de quatrième année primaire.

Le fait d'observer trois fois la même leçon amène les observateurs à affiner leur analyse. On dépasse assez rapidement les constats liés au matériel didactique, aux modes de groupement des enfants, à leurs premières réactions, à l'organisation générale de la leçon pour aller vers des réflexions de fond portant sur le sens donné aux apprentissages, sur la qualité et l'efficacité des interventions des enseignants, sur des pierres d'achoppement liées à la matière enseignée, sur la manière dont il faut répondre aux questions que les enfants se posent pour privilégier l'apprentissage du concept mathématique en jeu et au-delà de ce concept, pour mener les élèves vers une certaine pensée mathématique. Les enjeux de ce type de processus se situent indéniablement du côté de la didactique des mathématiques mais aussi des interactions entre l'enseignant et les apprenants.

Si le processus ne peut être mis en place pour chaque sujet de leçon, les éléments qu'il permet de mettre en évidence sont suffisamment récurrents pour qu'ils puissent faire évoluer la pratique des enseignants formés et être transposés à d'autres thématiques.

Un autre intérêt de ce processus est de donner l'occasion aux enseignants d'un même niveau d'enseignement de se retrouver autour de préoccupations communes et de travailler en synergie pour remettre l'apprentissage des élèves au centre de leur enseignement. Un travail similaire pourrait également prendre place au sein d'une équipe regroupant des enseignants de cycles différents pour travailler la continuité des apprentissages. Ce sont les objectifs que nous nous sommes fixés pour l'année scolaire prochaine.

Au fil des lectures et des observations, des liens sont apparus avec l'approche interactive. Si les finalités des deux démarches ne sont pas tout à fait identiques, il nous semble qu'elles peuvent être complémentaires. Nous poursuivons également nos recherches dans ce sens.


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