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Rédiger, ça s'apprend...
Maxime Regnier  1, 2, 3@  , Marc Romainville  4, 1@  , Eric Depiereux  1, 2@  
1 : Université de Namur
2 : Unité de Recherche et de Didactique de la Biologie  (URDB)
3 : Institut de Recherches Didactiques et d'Education de l'UNamur  (IRDENa)
4 : Département éducation et technologie  (DET)

La rédaction de documents est une activité régulièrement exigée des étudiants, trop d'ailleurs au goût de certains d'entre eux, tant cette activité leur semble complexe. Face aux difficultés récurrentes rencontrées dans l'exercice de cette compétence, plusieurs unités d'enseignement ont été mises en place de manière à outiller les étudiants explicitement en matière de rédaction de documents scientifiques. Le cours d'Introduction à l'informatique et à la communication assuré en Faculté des Sciences de l'Université de Namur en constitue un exemple.

 

À la reprise de cette activité par un nouvel enseignant il y a quelques années, ce dernier a identifié plusieurs problèmes. Par exemple, pour apprendre à rédiger, il faut surtout rédiger et rédiger beaucoup...Les cours magistraux seuls se révèlent rapidement inefficaces pour un tel apprentissage. Ils permettent certes d'énoncer et d'expliquer les règles rédactionnelles de base mais elles sont nombreuses ; certaines de ces règles sont subjectives et donc très difficiles à exprimer et percevoir in abstracto. Tous les étudiants ne saisissaient donc pas l'entièreté des attentes.

 
Deux outils sont désormais proposés aux étudiants : la grille critériée, définie selon Berthiaume et al. (2011), et des feedbacks individualisés (Nicol et Macfarlane-Dick, 2006 ; Nicol et al., 2014)

 

La qualité de l'apprentissage des étudiants semble bien meilleure depuis que ces derniers reçoivent un feedback oral individualisé. Celui-ci a l'avantage d'orienter chaque étudiant dans son apprentissage, en soulignant les qualités et les défauts en le motivant à travailler. De plus, les étudiants préfèrent ce feedback à la grille critériée.

 

Si la grille critériée a le mérite de décortiquer les exigences d'une « bonne » production écrite à caractère scientifique et de clarifier les attentes de l'enseignant vis-à-vis des étudiants, la correction des rapports est lourde : les indicateurs sont nombreux et nuancés. En effet, l'avis de trois professeurs externes au dispositif comprenait cette lourdeur. Malgré cela, les étudiants sont satisfaits par cette grille.

 

Ce nouveau dispositif permet à l'enseignant d'exiger un meilleur rapport des 50 étudiants mais il lui demande aussi un plus grand investissement : trois jours pour rédiger la grille critériée, deux jours pour le feedback oral et trois jours de correction des rapports.

 

Un autre aspect à aborder est la coordination entre les outils. Son importance avait été sous-estimée l'année académique 2016-2017 avec comme conséquence une redondance et une interférence entre les outils.

 

Lors des cours théoriques, tous les critères repris dans la grille avaient été reformulés ce qui entrainait une redondance et une perte de temps. Par conséquent, le cours théorique de l'année académique 2017-2018 s'est focalisé sur la compréhension des indicateurs grâce à l'utilisation d'exemples plus nombreux. La grille critériée a été simplifiée par fusion d'indicateurs et réduction des niveaux des indicateurs.

 

En conclusion, la grille critériée et le feedback oral individualisé ont enrichi de manière significative le dispositif d'enseignement. Les étudiants arrivent à une meilleure qualité de rapport et ils accueillent favorablement ces outils. Les heures de cours théoriques doivent toutefois diminuer pour investir de façon moins conventionnelleces nouveaux outils, ce qui permet en contrepartie d'équlibrer l'investissement de l'enseignant.

 

Bibliographie

Berthiaume, D., David, J. et David, T. (2011). Réduire la subjectivité lors de l'évaluation des apprentissages à l'aide d'une grille critériée : reprères théoriques et applications à un enseignement interdisciplinaire. Revue internationale de pédagogie de l'enseignement supérieur, 27(2).

Nicol, D., Thomson, A. et Breslin, C. (2014). Rethinking feedback practices in higher education : a peer review perspective. Assessment and Evaluation in Higher Education, 39(1):102–122.

Nicol, D. J. et Macfarlane-Dick, D. (2006). Formative assessment and self-regulated learning : A model and seven principles of good feedback practice. Studies in higher education, 31(2):199–218.

 

 

 

Remarque : Ce document est le résumé d'un article qui sera très prochainement publié dans REvue au Service de l'Enseignement et de l'Apprentissage à l'Université (RESEAU), géré par Marc Romainville. La référence est :

M. Regnier et M. Romainville (2017) Rédiger, çà s'apprend... RESEAU, numéro 90. https://www.unamur.be/det/spu/revue-reseau

 


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